Des graines gratuites en libre-service

Prendre gratuitement et déposer librement des graines, c’est le principe des grainothèques. Installées dans près de 500 bibliothèques en France, ces boîtes à graines contribuent au maintien et au développement de la biodiversité mais aussi à la (re)découverte de variétés locales.

La plupart du temps quand on décide d’acheter des graines, on se rend dans la jardinerie la plus proche de chez soi. C’est pratique, mais le problème c’est qu’il est parfois difficile, voire impossible de trouver certaines semences. Pourquoi ? Parce qu’ aujourd’hui en ne commercialisant majoritairement que des semences hybrides de type F1, l’industrie semencière impose aux acheteurs un nombre toujours plus restreint de variétés. Pas seulement pour les semences ordinaires mais aussi pour les graines bio, les fleurs vendues chez les fleuristes ou encore les fruits et légumes commercialisés en AMAP (Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne). Résultat : c’est tout un patrimoine naturel millénaire qui est mis en péril.

En France, il existe 500 grainothèques

Comment lutter contre le phénomène de standardisation des semences et se réapproprier une biodiversité adaptée à son territoire ? La solution réside peut-être dans l’utilisation d’une des 500 grainothèques existant à ce jour en France. C’est en tout cas, l’initiative proposée par l’association « Graines de Troc » qui propose aux bibliothèques d’accueillir ce concept dans leurs murs. Présentée sous la forme d’une boîte en carton avec des tiroirs, ces grainothèques sont proposées en libre-service aux utilisateurs des lieux. Le slogan est simple : « Prenez, déposez librement les graines qui vous plaisent ». Entre deux consultations de livres, chaque personne qui le souhaite est en effet invitée à venir piocher dans ces boîtes les semences qui l’intéressent. Et pour ceux qui se poseraient des questions sur le fonctionnement de cette « boîte à graines », un mode d’emploi explique toute la démarche et le mode d’utilisation.

Très ludique, la grainothèque permet d’initier les plus jeunes à la biodiversité

Lutter contre la standardisation des semences

Ce système d’échange de graines où chacun peut déposer, prendre ou échanger des semences fonctionne librement et gratuitement. Une bonne manière d’enrichir la diversité des semences proposées tout en permettant à d’autres jardiniers de découvrir de nombreuses variétés traditionnelles ou paysannes. Dans les grainothèques, toutes les graines sont les bienvenues. Qu’il s’agisse de légumes, de fruits, de fleurs… peu importe, toutes les semences sont utiles dès lors qu’il s’agit de ramener la plus grande biodiversité possible dans les jardins.

Très facile à utiliser, les grainothèques ont aussi été conçues pour être ludiques et à la portée de tous et notamment des plus jeunes. Cela peut être aussi un bon moyen de discuter en famille de l’importance de maintenir et défendre l’existence d’une biodiversité locale.
Un des objectifs des grainothèques est en effet de montrer qu’en agissant ensemble, il est possible de préserver et de faire vivre un patrimoine menacé fortement par l’homogénéisation et l’agriculture monoculturale intensive. Chaque jardinier qui prend et dépose des graines dans une grainothèque contribue ainsi au développement de la biodiversité, mais aussi à la transmission de certains savoirs.

Des semences adaptées aux territoires

En utilisant les graines proposées via ce circuit, c’est aussi l’assurance pour les jardiniers de disposer de semences adaptées à leurs territoires et de (re)découvrir des variétés locales ou anciennes aux goûts parfois oubliés ou méconnus. Contrairement aux graines issues de l’industrie semencière, les semences traditionnelles ou paysannes sont en plus nettement mieux adaptées aux spécificités des sols locaux où elles poussent habituellement et aussi beaucoup plus rustiques. Elles n’ont pas ou peu besoin d’engrais ou pesticides.

On peut aussi déposer des graines

Comment faire ses graines et alimenter à son tour une grainothèque? En fait, c’est très simple à condition de bien se documenter et de s’assurer que la plante n’est pas de type hybrides F1 et donc souvent stérile ! Issues d’un croisement entre plusieurs variétés, ces graines donneront en cas de pousse, des fruits et des légumes de piètre qualité. Mieux vaut choisir des graines issues de ce qu’on appelle des variétés fixées qui sont en fait des semences provenant de parents de même variété. Aucun risque donc que la plante se modifie !

Selon les espèces de fruits et légumes les techniques de récolte de graines peuvent varier et être plus ou moins complexes. Si faire des graines de salade, tomate, haricot ou de la plupart des fleurs annuelles ne présente aucune difficulté particulière, les techniques se compliquent pour tout ce qui est chou ou la plupart des légumes racines (carottes, betteraves, etc…). Pas de panique, la consultation de certains sites internet vous donneront pleins d’astuces pour réussir à produire vos propres graines.

Faire ses propres graines, un geste simple qui contribue au maintien de la biodiversité

Une fois les graines récoltées, il est important de bien les faire sécher avant de les ensacher. Dernière étape avant de proposer vos semences en libre-service : écrire sur le sachet le nom de la variété, le lieu et la date de récolte ainsi que quelques conseils pratiques comme la période de semis ou le type d’exposition… Cela pourrait aider le jardinier à exploiter au mieux possible le potentiel de vos graines.

Aujourd’hui, le nombre de grainothèques continuent à se développer dans l’hexagone et de plus en plus de réseaux proposent via internet ou des manifestations locales d’échanger et de partager des semences. N’hésitez pas vous rendre sur le site LePotiron, la plateforme propose, elle aussi, un système de don et d’échanges de graines.

Pour plus d’informations vous pouvez consulter les sites suivant :

Corine Carré